Existentia

Pour saxophone brayton, disklavier, dispositif électroacoustique, vidéo temps-réel, support multi-pistes et électronique temps réel

, environ 10'
2020

Pour saxophone brayton, disklavier, dispositif électroacoustique, vidéo temps-réel, support multi-pistes et électronique temps réel

, environ 10'

Ce projet émane d’un souhait de célébrer l’absence, ce qui disparaît. L’absence et l’im-présence côtoie le réel, le passé, le présent et le futur. Comment traiter en musique de l’omniprésence de l’absence, de l’existence de l’absence, de l’ombre des êtres chers, des souvenirs. « C’est cela qui nous est le plus cher : les baisers que nous avons donnés et ceux que nous avons reçus et dont l’ombre inlassable nous suit. » Nous, vivants, sommes les témoins sensibles d’une époque, d’un espace, d’un temps et d’un lieu. Quand l’existence s’effiloche, qu’en est-il du non-être ?

Pour évoquer l’absence, j’ai d’abord eu pour volonté de revoir la place du soliste, le faire cohabiter avec le non-humain, le piano mécanique, un récitant suggéré, ainsi que des haut-parleurs. Une pensée de musique de chambre s’opère tant dans la manière d’écrire le contrepoint que dans la façon de penser le son sur l’espace scénique.

La vidéo permet d’appuyer ce discours par le biais d’un média supplémentaire. L’image est une rémanence de l’interprète, seul humain sur scène. Elle se transforme, devient plus ou moins persistante et reste sous forme de spectre. Elle évoque la présence d’un être qui s’efface continuellement.
Cette composition est à la croisée de plusieurs volontés artistiques et technologiques, autour de l’organisation de l’écriture du timbre dans le temps. J’ai mis en musique deux poèmes tirés du recueil de Christophe Manon, « Au nord du futur » (Nous, 2016). Ce recueil est constitué de textes puissants en accord avec ce projet de composition. Le résultat, exposé dans la première partie de la pièce, est une transposition du langage parlé, ici un poème récité par Jean-Christophe Brizard, vers un jeu virtuose de sons complexes de saxophone, parsemé de cris exhalés par l’instrumentiste. C’était une manière de traiter de la perte du langage, de l’absence de mot. « Nous n’avions pas de mot pour dire les mots qui restent dans la gorge ». J’ai opté pour une solution technologique proposée par Ben Hackbarth, Audio Guide, qui nous a été présenté par Grégoire Lorieux. C’est un programme en langage informatique Python qui m’a permis d’imiter les enregistrements de la voix par des sons complexes de saxophone préalablement enregistrés. À force de sculpter le matériau, en passant par des étapes de quantification et de lissage par l’écriture papier, la partition est devenue expressive et interprétable. L’unité et l’hétérogénéité du matériau entre les parties instrumentales et électroniques sont centrées autour de la voix. L’électronique reste frontale, à l’image d’une musique de chambre.

Quant à la seconde partie, je voulais approfondir des idées de synthèse temps réel CSound et y faire correspondre une occupation totale de l’espace sonore, l’occupation d’un monde nouveau, l’évocation d’une renaissance, un univers chargé du passé.

L’utilisation d’une voix grave, profonde et chaleureuse, d’un narrateur qui se veut rassurant sur des textes aussi beaux que durs, était inéluctable. Le saxophone baryton, avec ses souffles, ses impacts, ses cris, ses sons fendus est un partenaire de choix pour travailler en harmonie avec la voix.

Carmen Lefrançois (Saxophone baryton), Jean-Christophe Brizard (Voix), Christophe Manon (Texte)

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